samedi 19 mars 2011

Investir solidaire

Depuis toujours (ou presque), le capitalisme est critiqué à tort ou à raison.

 Représentation du capitalisme

La crise a accentué cette perception du modèle économique. Les entreprises semblent faire des profits encore plus importants qu'avant, sans que le quotidien de la population s'améliore (chômage, baisse du pouvoir d'achat...). Les profits paraissent être l'unique motivation au détriment de l'humain.

Réédition de circonstance pour fait du profit

Investir solidaire

Il existe plusieurs définitions, mais le principe reste le même. Investir solidaire, ce n'est pas investir dans l'unique but de faire du profit, c'est la primauté de l'homme sur le capital, c'est donner la priorité à l'intérêt général et à l'utilité sociale... En général, la gestion est démocratique "une personne, un voix". Ces investissements existent sous différentes formes : associations, mutuelles, coopératives...

A ne pas confondre avec les investissements éthiques, ou ISR !

Pourquoi Super Pognon investit sur ces supports ? Je n'aime pas donner de l'argent car j'ai l'impression de m'acheter une bonne conscience.
 Super Pognon gardant bien au chaud son oseille

J'ai envie de donner du sens à certains de mes investissements et je trouve que c'est un bon moyen de le faire. Mais il faut rester cohérent dans sa démarche, par exemple, ne pas investir dans l'industrie d'armement à côté de ça...
Que nous réserve l'industrie de l'armement pour le futur ?
On ne pourra pas dire qu'on le savait pas !

Où peut-on les trouver ?

L'association Finansol est incontournable comme label d'épargne solidaire.

Finansol

Finansol fédère les financeurs solidaires et des établissements financiers. Sa mission est de développer la solidarité dans l'épargne et la finance.
Le label Finansol distingue l'ensemble des placements d'épargne solidaire.
Fondée en 1995, Finansol est une association professionnelle. Son siège est à Paris et elle est représentée dans la plupart des régions par des équipes bénévoles.
Logo de Finansol

Des livrets, des comptes et des assurances vies

Les produits d'épargne classique sont proposés. La seul différence avec les originaux est qu'une partie des intérêts et des frais sont reversés à une association.

Ces dons offrent droit à une réduction d'impôts égale à 66% ou à 75% selon les montants et les associations.
Ces produits sont appelés épargne solidaire de partage. Ils bénéficient également d'une réduction du taux de prélèvement forfaitaire : il passe de 18% à 5% pour la part des intérêts donnée aux associations.

Exemple : le livret agir du Crédit Coopératif propose une rémunération attrayante de 2,65% brut avec 50% des intérêts versés à une association (Action contre la Faim, Habitats & Humanisme...). Ce livret est labellisé Finansol.

Des banques

Plusieurs banques se revendiquent comme solidaires : le Crédit Coopératif, la NEF... Elles ne sont pas leurs statuts, voir leur "esprit", mais aussi par leurs activités (financements solidaires, épargne solidaire...).

On peut, bien sur, y ouvrir des comptes pour quitter sa banque traditionnelle. Mais, ces banques proposent comme toutes les autres de devenir actionnaires.

Crédit Coopératif

Le Crédit Coopératif permet la souscription de parts sociales C qui n'ont pas de droit de vote et pas de boni de liquidation. Elles ont un nominal de 15,25€. Le prospectus est ici. Les derniers dividendes étaient de 3% en 2009, 3,6% en 2008 et 3% en 2007. Ces parts sont soumises à la même fiscalité que les actions et elles peuvent être logées dans un PEA. Le prospectus est très intéressant, car on y découvre le Crédit Coopératif, mais surtout qu'il est lié au groupe BPCE. Vous avez suivi mes articles sur les parts sociales et les Certificats Coopératifs d'Investissement, et vous avez retenu la leçon : les parts sociales sont du capital très bon marché qui offrent un effet de levier au rendement des CCI. Ici, les CCI du Crédit Coopératif sont détenus par Natixis, la banque d'investissement et de financement des BPCE.Ces CCI ont reçu une rémunération de 3% ces dernières années. Le Crédit Coopératif ne peut pas trop versé aux CCI sans s'attirer les foudres de ses sociétaires, ainsi le dividende reste correct (3%), mais les capitaux propres vont s'accroître avec pour seul bénéficiaire Natixis (boni de liquidation). A titre d'exemple, le rapport 2009 du Crédit Coopératif nous dit comment est partagé le bénéfice distribuable (32M€) : 10,5 M€ pour les parts sociales et le reste en réserve et dividendes pour Natixis. Avec 22M€ de bénéfice par année, Natixis récupère chaque année plus de 11M€, soit un rendement de plus de 11% !
La NEF

La NEF propose également la souscription de part sociales. Deux types de parts sont proposées : les parts A et les parts B. Le nominal des parts A et B est de 30€ Les parts B bénéficient d'une rémunération supplémentaires. Pour souscrire aux parts B, il faut avoir au minimum 5 parts A et il fait garder une proportion de une part A pour une part B. Elles offrent un droit de vote (une personne = un vote). Vous pouvez bénéficier d'une réduction d'impôt de 22% (souscription au capital des PME/dispositif Madelin).

Les parts sociales sont des parts de capital, par conséquent, elles sont risquées. Le Crédit Coopératif est plus solide que la NEF. La liquidité est faible, voire nulle.

Du capital risque

Ce sont des coopératives qui investissent dans des PME en création, en reprise ou en difficultés. Les buts principaux sont de maintenir ou de créer de l'emploi en proposant des financements alternatifs aux entrepreneurs. Cette activité est très risqué. Ces coopératives ne proposent pas de dividendes et le cours de leurs actions sont stables. Attention à ce que la coopérative ne cumule pas trop de pertes et qu'elle soit assez importante pour assurer la liquidité des actions... Elles sont éligibles aux dispositifs de réduction d'impôt (souscription au capital de PME / 22%). Liquidité faible voire nulle.

Voici quelques exemples :

 De l'immobilier

Certaines associations ou coopératives, achètent, rénovent ou construisent des logements sociaux. Elles bénéficient de subventions ou de prêts, mais elles ont également besoin de capital.

Voici un exemple d'organisation du financement pour du logement social :
Origines des financements de la foncière d'Habitats et Humanisme

 Quelques exemples d'associations/coopératives dans le logement social ou pour personnes en difficultés :
Ces deux placements bénéficie du dispositif Madelin (22% de réduction d'impôt sur le revenu). La liquidité est faible. Le capital n'est pas garanti.

Investir l'immobilier, ce n'est pas seulement acheter des immeubles, des appartements ou des maisons. C'est aussi acquérir du foncier, avec par exemple des terres agricoles.

L'association Terre de Liens propose d'Agir concrètement pour permettre l’installation de paysans et le développement d’une agriculture biologique, voilà ce que propose le Mouvement Terre de Liens.

Terre de Liens

Ainsi, vous pouvez souscrire à la foncière Terre de Liens à 100€ la part, avec quelques frais de dossier (maximum 5%). Elle serait éligible au dispositif Madelin.
 En fouillant le forum, vous pouvez trouver et participer directement aux financements des projets (très risqué !).

 Du micro-crédit

Tout le monde en a déjà entendu parlé, en particulier, depuis le prix Nobel de Muhammad Yumus en 2006.

Pour rappel la définition de Wikipédia :
L'activité de microcrédit consiste généralement en l'attribution de prêts de faible montant à des entrepreneurs ou des artisans qui ne peuvent accéder aux prêts bancaires classiques. Le microcrédit se développe surtout dans les pays en développement, où il permet de concrétiser des microprojets favorisant ainsi l'activité et la création de richesse mais se pratique aussi bien dans les pays développés ou en transition.

Voici quelques pistes pour ceux qui veulent se lancer dans l'aventure :
Je suis quelques peu méfiant concernant certains dispositifs : les intermédiaires récupèrent beaucoup de commissions et frais et les bénéficiaires se retrouvent avec des taux élevés...

Des magasins bio

Le réseau Biocoop composé de coopératives propose des produits "bio". Certains magasins ont ouvert le capital de leurs coopérative aux clients (pas de garanti de capital, risques élevés, liquidité nulle...).

Un magasin Biocoop

Attention cependant, le réseau semble être victime de son succès : histoire d'une mauvaise rencontre et le réseau Biocoop peut-il perdre son âme ?


Des producteurs d'énergie propre

Le réseau Enercoop propose de l'électricité verte. Des coopératives régionales proposent la souscription au capital. Les bénéfices sont réinvestis intégralement dans les coopératives. Chaque sociétaire a une voix.
Enercoop

Mon expérience

J'ai souscris, il y a plus d'un an, au capital de la Nef, d'Habitat et Humanisme, de Garrigue et d'Autonomie et Solidarité. Je reçois des informations régulièrement et la gestion semble saine. Je ferais un bilan complet dans 5 ans... Ces investissements représentent une part faible de mon patrimoine.

9 commentaires:

  1. Merci pour cet excellent article.
    Super détaillé, de l'expérience, chapeau bas.
    C'est un domaine qui m'intéresse (Marco forum Devenir rentier) là, j'ai plein de pistes pour investir concrètement responsable.
    Merci encore.
    Marco

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  2. Excellent article. Riche et fourni.
    Une seule remarque, l'industrie de l'armement n'est pas forcément si opposée a l'éthique qu'on peut le croire au premier abord.

    Nos champions nationnaux et EADS et THALES développent de nombreux marchés civils et ont ratifié les conventions internationnales de ventes d'armes les plus contraignantes qui existent. (A la différence de leurs concurents Russes en particulier qui s'autorisent a aller sur tous les marchés...). Selon moi ce qui n'est pas éthique c'est la vente d'armes incontrolée et qui se fait en violation des conventions et autres embargos internationaux.

    Après vendre des armes a ses alliés et aux organisations internationales comme l'OTAN ce n'est pas selon moi en contradiction avec l'éthique (Ce qui représente les marchés les plus substantiels de Thales et EADS). Le secteur de la "défense" est indispensable.

    Ceci n'est que mon humble avis. Je comprends que dans un article consacré à l'éthique on puisse y lire qu'investir dans les armes ca n'est pas bien mais je trouve que c'est un peu -excusez moi du terme- naif et un peu court même si dans ce secteur de l'industrie il y a parfois des dérives condamnables et qu'il faut condamner. Si ce thème vous interesse je vous renvoie a l'excellent ouvrage "l'éthique des armes" d'Alain Crémieux.

    Après je comprends que si l'on ne s'interesse pas au secteur on s'abstienne d'y investir et je respecte pleinement cette position. Comme on dit "dans le doute, s'abstenir".

    Je trouve pour ma part qu'il est moins éthique d'investir dans le secteur du Tabac par exemple...

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  3. Merci pour vos commentaires. Si vous avez des expériences, des idées ou des suggestions, n'hésitez pas !

    @Anonyme
    J'ai un peu chargé la mule pour l'industrie de défense compte tenu du contexte.
    A chacun de mettre ses propres limites.
    Je pense que le débat serait très intéressant, car on peut trouver de nombreuses nuances et des exemples bien pire dans d'autres secteurs (énergie par exemple).
    Il y a eu aussi un très bon film sur un marchand d'arme. Je ne me rappelle plus le nom, je crois que c'est avec Nicolas Cage...

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  4. C'est Lord of War, effectivement excellent!

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  5. Bon j'ai mis un lien vers ton article dans les commentaires d'un article que j'ai écrit sur le même thème : http://www.vivreriche.fr/investir-dans-la-finance-ethique-et-durable/

    Lord of War très bon film sur le "côté obscur" de la richesse ! Quand on imagine que ça peut peut-être exister ça fait peur !

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  6. Lord of War, un métier vieux comme le monde.

    Sinon, je trouve intéressant la pyramide du capitalisme, bien que la pyramide du communisme ne vaut mieux.

    A l'époque, c'était bosse ou crève! aujourd'hui, on ne verrais pas les retraités, chômeurs, RSA, longues maladies....etc, en bas, mais au deuxième étage.

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  7. Pour info les Amis de la Terre ont publié l'an dernier une étude sur l'"Investissement socialement responsable : l'heure du tri" et un guide "Environnement : comment choisir mon épargne?" qui pourraient vous intéresser...
    > http://www.amisdelaterre.org/Finance-responsable-Les-Amis-de-la

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  8. Bonjour et merci pour cet article qui a le mérite de mettre à plat toutes les possibilités d'investissement disponibles.

    Une des difficultés que l'on rencontre assez souvent, en particulier dans le cas de l'épargne, c'est de bien comprendre combien cela va nous rapporter et quelle part va être reversé à des projets solidaires.

    En ce qui concerne les produits destinés au CCFD-Terre Solidaire, il existe une calculatrice bien pratique pour ce faire : https://www.facebook.com/epargneethique/app_193438844082591

    Pour plus d'informations sur les produits d'épargne et de soutien aux projets de solidarité internationale, rdv ici: http://ccfd-terresolidaire.org/epargnesolidaire/

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  9. (5 ans c'est long)

    après 2 ans, on peut avoir les premiers retours ?
    évolution de la valeur des actions ? rendements ?
    surprises ?

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